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Séminaire "Les écrits à l'Université : inventaires, pratiques, modèles (ANR 06 - APPR - 019)"

Publié le 24 janvier 2010

Coordination Isabelle Laborde-Milaa

Date(s)

le 4 décembre 2009

15h à 18h
Lieu(x)
Créteil
Salle Keynes
intervenants :

Isabelle Delcambre, Théodile-CIREL (EA 4354), Université Lille 3
Fanny Rinck, Modyco, UMR 7114, Université Paris Ouest-CNRS, associée à Lidilem, EA 609, Grenoble 3
Isabelle Laborde-Milaa, Ceditec (EA 3119), Université Paris-Est Créteil, associée à Théodile-CIREL (EA 4354), Université Lille 3

 

Présentation générale de la séance :
La séance portera sur une recherche ANR intitulée : « Les écrits à l’université : inventaires, pratiques, modèles » (EUIPM), qui couvre la période janvier 2007-janvier 2010. D’abord ancrée en Sciences de l'éducation, elle se veut résolument interdisciplinaire par sa problématique, ses objets de travail, ses acteurs.
• Elle rassemble deux équipes françaises – Théodile-CIREL (EA 4354 - Lille 3) et Lidilem (EA 609 - Grenoble 3) en Sciences du langage – ainsi que deux équipes anglo-saxonnes (relevant des Academic literacies, UK, et des Composition Studies, US).
• Les notions de « discipline » et de « genre » sont au centre des questionnements, le genre constituant l'angle qui permet d'interroger les pratiques d'écriture dans les cinq disciplines sélectionnées (Sciences de l’éducation, Sciences du langage, Littérature, Psychologie, Histoire).
• Le cadre théorique est constitué du corps de savoirs élaboré en didactique du français (didactique de l’écriture). Les difficultés d’écriture ne sont pas vues comme des difficultés techniques ou cognitives mais comme étroitement liées :
- aux représentations des scripteurs (les représentations de l’écriture, d’eux-mêmes comme scripteurs, des attentes académiques sur l’écrit à produire, etc.)
- aux genres de textes à produire et aux cadres que ces genres donnent à l’écriture (en particulier en relation avec les contenus disciplinaires et les types de savoir)
- aux formes d’aide et d’évaluation qui accompagnent l’écriture des apprenants (elles-mêmes liées aux représentations de l’écriture académique ou de recherche et aux représentations de l’apprentissage des enseignants)
• La recherche s’est appuyée sur des protocoles d’enquête qui permettent de confronter les discours des enseignants et des étudiants : passation de questionnaires du L1 au M2, organisation de « focus groups » avec les enseignants par discipline.

Cette recherche peut intéresser le Ceditec, et au-delà, d'un triple point de vue : théorique, épistémologique et praxéologique (les chercheurs impliqués visent des débouchés dans les pratiques effectives...).

 

 

Littéracies universitaires : genres de texte et pratiques d’écriture

Isabelle Delcambre, Théodile-CIREL, EA 4354, Université Lille 3
Françoise Boch, Lidilem, EA 609, Université de Grenoble 3

L’analyse de l’écriture à l’université est un champ qui commence à se structurer en France et en Europe, notamment autour de colloques, de publications ou de projet de recherches.
Ainsi le titre de cette présentation reprend-il le titre de la recherche ANR en cours d’achèvement qui aura réuni pendant 4 ans quelques-uns des membres des équipes Lidilem (Grenoble 3) et Théodile-CIREL (Lille3).
L’objectif de cette recherche est de croiser les analyses linguistiques de textes produits par des étudiants ou des experts dans différentes disciplines de Sciences Humaines (Lidilem) et les déclarations d’étudiants sur les pratiques d’écriture dont ils font l’expérience tout au long du cursus universitaire dans des disciplines de Sciences Humaines, partiellement les mêmes (Théodile-CIREL).
L’hypothèse principale de cette recherche est que les disciplines, même dans des champs proches, sont des facteurs de différenciation des écrits et des pratiques d’écriture ; elles fonctionnent comme des contextes pour les écrits, dont on peut voir les traces aussi bien dans l’analyse des textes produits que dans les déclarations des étudiants.
Les deux méthodologies mises en place sont différentes (analyse linguistique de textes d’étudiants ou d’experts vs questionnaire diffusé aux étudiants et entretiens avec des enseignants) mais les résultats se rejoignent dans de nombreux cas, pour attester des dimensions épistémologiques de l’écriture.
Par ailleurs, certaines des données recueillies, notamment grâce au questionnaire, permettent d’établir des résultats intéressants sur les continuités ou les ruptures identifiables à certains moments du curriculum, de la première année de Licence à la deuxième année de Master, ainsi que des oppositions entre formation à l’université et formation en IUFM quant au genre d’écrit identifié par les étudiants comme représentatif de leur cursus et quant aux normes que les étudiants disent appliquer à leurs écrits (place accordée à la correction de la langue, par exemple).
Cette recherche permet ainsi de discuter les visées instrumentales ou transversales des programmes d’enseignement ou d’apprentissage continué de l’écriture à l’université et pose la question de la constitution d’un champ de recherche dédié à ces questions, que nous proposons d’appeler « les littéracies universitaires ».

 

 

Analyse linguistique des genres et comparaisons selon les disciplines et le niveau d’étude

Fanny Rinck, Laboratoire Modyco, UMR 7114, Paris Ouest-CNRS
Françoise Boch, Laboratoire Lidilem, EA 609, Grenoble 3

En collaboration avec l’équipe THEODILE–CIREL (EA 4354 - Lille 3) Lille 3, notre équipe du Lidilem (EA 609 - Grenoble 3) travaille depuis quelques années dans la perspective d’une didactique de l’écrit dans l’enseignement supérieur, avec une approche linguistique des pratiques d’écriture du monde universitaire et notamment en sciences humaines. Elle s’intéresse plus spécifiquement ces derniers temps à la description linguistique des genres de texte :
- d’une part chez les chercheurs dans le cadre de leur activité de recherche
- d’autre part chez les étudiants dans le cadre de la formation à la recherche et par la recherche, qui intervient dès le niveau L3 et représente un élément central de la formation universitaire.
L’objectif de ces travaux est de mieux cerner les normes en usage dans l’écrit de recherche et de s’interroger sur l’écrit de recherche en formation et sa didactisation. Deux questions président aux analyses menées :
1) Les différences disciplinaires
2) Les différences suivant le niveau d’expertise
Nous proposons de présenter quelques éléments d’analyse linguistique des genres à partir de ces deux questions.
Concernant les différences disciplinaires, nous évoquerons le genre de l’article de recherche et la comparaison menée entre deux disciplines de sciences humaines, les Sciences du Langage et les Lettres. A partir d’un corpus de 220 articles et de l’étude de différents traits linguistiques tels que la structure des textes, le lexique, le traitement des sources, nous montrons en quoi les pratiques d’écriture renvoient à des modèles épistémologiques contrastés, sur un continuum entre un modèle « scientifique » et un modèle « savant ».
Concernant les différences suivant le niveau d’expertise, nous reprendrons la même étude du genre de l’article et nous nous centrerons sur la spécificité des articles produits par des doctorants par rapport à ceux de chercheurs plus chevronnés. Nous montrons que les doctorants se conforment davantage à des attentes canoniques du genre, ce qui interroge l’acculturation à l’écrit de recherche et sa didactisation. Nous aborderons également cette question à travers un autre genre, celui du rapport de stage, dans le cas d’étudiants de L3 qui suivent un cours de didactique du français basé sur le principe de la formation par la recherche. L’ethos qui se manifeste dans ces écrits d’étudiants permet de discuter de la manière de mieux les accompagner dans l’écrit de recherche et de mieux en définir les attentes.

 

 

Le genre de la dissertation : constances et variations dans le discours des étudiants

Isabelle Laborde-Milaa, Ceditec (EA 3119), Université Paris-Est Créteil, associée à Théodile-CIREL (EA 4354), Université Lille 3

Dans le cadre de l’ANR sur « Les écrits à l’université », ce travail interroge le genre de la dissertation à travers l’analyse des réponses à plusieurs questions posées dans l’enquête menée auprès d’étudiants de divers niveaux et disciplines. Le corpus est donc saisi en coupe sur quelques questions sélectionnées, pour en dégager les éléments concernant la dissertation : l’ordre d’importance et le volume occupés par cet écrit dans les réponses, ainsi que le discours tenu par les étudiants à son propos. Les 139 réponses émanent de tous les étudiants de Lettres (82, distribués à égalité de L1 à L3 + 2 étudiants de Master) et de 57 étudiants d’autres disciplines (Histoire, Sciences de l’éducation, Sciences du langage, Psychologie, CRPE) essentiellement en L.
L’objectif est double :
- identifier non pas le genre discursif de la dissertation (selon les catégories de D. Maingueneau, 2004, elle fait partie des « genres routiniers », qui reposent sur des contraintes stables, pour les schèmes compositionnels comme pour les rôles des participants), mais les représentations qu’en ont les étudiants qui le pratiquent, en pointant les zones de flou et les tensions qui structurent ces représentations ;
- saisir ce qui est dit, en creux, des conditions d’enseignement et d’apprentissage de ce genre, de son appropriation par les étudiants, de son rôle dans leur formation intellectuelle, conceptuelle et méthodologique le cursus.
La démarche relève de l’analyse du discours, qui considère les réponses des étudiants dans leur contexte de production, à la fois avec les modélisations induites par le questionnaire et les formulations qui excèdent les questions. S’y construisent ainsi les positionnements énonciatifs des locuteurs, que l’on tâchera de dégager à partir des marques personnelles, des modalités et de l’usage d’un certain métalangage argumentatif.