Séminaire : Lutter pour des médias "libres et indépendants" - Sociologie du pôle autonome du champ journalistique français (1995-2027)
Publié le 30 mai 2024
Séminaire co-organisé le 27 juin par le laboratoire Céditec de la Faculté des Lettres des Langues et des Sciences Humaines de l'Université Paris-Est Créteil et l’équipe du projet MEDLIB et le RT37 « Sociologie des médias ».
Date(s)
le 27 juin 2024
de 14h à 17h
Lieu(x)
En présentiel (sur inscription)
UPEC - Campus Centre - Salle i3-106
Cette journée d'étude a pour ambition de proposer une analyse sociologique des recompositions du pôle autonome du champ journalistique français, entre 1995 et 2027, à travers l'étude de journalistes et de médias d'information qui s'autodéfinissent comme "libres", "indépendants", "alternatifs", “pas pareils” ou à travers des qualificatifs indigènes similaires. Ces luttes de nomination et de qualification sont d’ailleurs l’un des enjeux de l’enquête. Regroupant une quinzaine de chercheuses et de chercheurs en sociologie, en science politique, en sciences de l'information et de la communication et en sciences du langage, le projet vise, par le biais d’une analyse factorielle de données mixtes, à proposer une étude de la sociogenèse de ces médias, des conditions de leur installation durable dans l’espace médiatique et politique, des trajectoires et propriétés sociales de leurs participant.e.s, du rapport entre leurs positions objectives (socio-économiques et géographiques) et leurs prises de position éditoriales.
Ces médias qui se veulent “libres” ou “alternatifs” occupent en effet des positions économiquement et symboliquement dominées dans l'espace des entreprises de presse, mais certains parviennent, seuls et/ou grâce au travail de leurs organes de liaison et de représentation (syndicats, coordinations, réseaux, etc.) à des formes de consécration journalistique et/ou politique. L’analyse de ce processus de “consécration des avant-gardes journalistiques” est au cœur de la problématique du projet de recherche.
Les premières données regroupées par l’équipe sur les trajectoires biographiques et des propriétés sociales de leurs salariés et bénévoles indiquent en effet que leurs statuts d'emplois sont généralement marqués par une forte précarité, la faiblesse des revenus, couplés à un haut niveau de diplôme et à un intense investissement, les médias et leurs protagonistes, tournés vers la production "d'informations politiques et générales" (IPG), pour reprendre la terminologie issue des nomenclatures du Ministère de la culture et de la communication, se positionnent éditorialement comme des “hétérodoxes” : pour les uns, du côté de la "gauche de la gauche" (comme Politis, Bastamag, Reporterre, pour n'en citer que quelques-uns), pour les autres de la "droite nationale" ou "identitaire" (comme Rivarol, F... de Souche ou L'observatoire du Journalisme). Sociologiquement, leurs agents font partie, pour certains, des fractions cultivées ou économiques des “classes moyennes” et, pour d'autres, de différentes fractions des classes populaires (médias de la mouvance "Gilets jaunes" ou médias de "banlieues populaires").