BENIDIR Faiza

Doctorante en sciences du langage

Publié le 3 décembre 2018 Mis à jour le 4 décembre 2018


Titre de la thèse


« La construction argumentative de l’émotion dans le discours féminin. Cas du discours féministe islamique ».

Direction : Dominique Ducard

Présentation synthétique des recherches

Le discours de la femme en général et celui de la féministe en particulier est souvent stigmatisé et réduit à un discours dépourvu de raison et pourvu de sensibilité et de sentimentalité faisant de lui un discours manipulateur - à visée séditieuse- qui insurge la gente féminine contre les oppressions patriarcales. Longtemps opposée à la raison, ce n’est que récemment que l’étude de l’émotion a pu intégrer le vaste champ des sciences du langage, laissant derrière elle la vision classique qui la reléguait au statut d’obstacle à la rationalité.

Il existe bien, c’est entendu, une réflexion linguistique sur les émotions, mais elle a encore du mal à s’imposer sur le devant de la scène des recherches argumentatives, comme par exemple l'ouvrage de Toulmin (1958) qui porte sur la logique substantielle. Même un programme néo-classique comme la Nouvelle rhétorique d’Olbrechts-Tyteca et Perelman (1958), qui concilie subjectivité et rationalité, parle peu du rôle des émotions dans l'argumentation. Plus récemment, dans la théorie critique de l'argumentation, les émotions occupent la place d'indices du caractère fallacieux des arguments (Hamblin, 1970).

Néanmoins, en 1998 un analyste du discours du nom de Christian Plantin s’est insurgé contre l’ostracisme de l’émotion du territoire, qu’il juge ; légitime de l’argumentation et a proposé une théorie de l’émotion en discours qui prendrait en considération la rationalité du fait émotionnel, pour lui l’émotion ne devrait pas être cantonnée au statut d’adjuvant mais elle devrait être repensée comme l’objet, et parfois même l’enjeu, de l’argumentation.

Au travers de l’analyse de recueil d’article et d’entretien avec des intellectuelles, chercheuses et militantes engagées dans la défense des droits des femmes à l’intérieur du cadre religieux musulman, notre projet de recherche donne à voir que, dans l’argumentation féministe féminine, la défense d’une position émotionnelle est intrinsèquement liée à la construction discursive d’une conclusion argumentative. Il se posera plusieurs questions entre autres : le discours féministe peut permettre aux femmes intellectuelles féministes de se positionner et d’exprimer leurs propres ressentis, mais il les l’autorise également à agir sur les croyances du destinataire voire même modifier son comportement. Le discours féministe féminin est-il réellement un discours manipulateur ? La prise en compte de l’identité de genre invite-t-elle à repenser, à nouveaux frais, les rapports qui, en discours, unissent l’argumentation et les émotions ? La présence de l’émotion dans le discours féministe féminin remet-elle en question son fondement rationnel ?

Les différentes approches personnelles du discours féministe féminin nous avaient permis d’en constater la richesse d’un point de vue argumentatif, ce dernier arrive à toucher la sensibilité des interlocuteurs par ses positionnements parfois toutes en nuances, parfois brutales, mais qui, dans la plupart des cas, agissent sur la pensée.

Nous voudrions, à la lumière de la perspective de Plantin (1998) selon laquelle le discours argumentatif est susceptible de fonder, outre un « devoir croire » et un « devoir faire », un « devoir éprouver », comprendre, dans le contexte de ce projet de recherche comment la féministe, en situation d'argumentation (cas de l’interview), mobilise, dans son discours, des émotions à des fins argumentatives.

Publication

Acte du colloque international - Agadir (Maroc), 2016.
Médias numériques, langues, discours, pratiques et interculturalité, Faculté des Lettres et sciences humaines
Dépôt légal : 2016MO3948
ISBN : 978-9954-508-45-9

Collaborations scientifiques

  • Représentante des doctorants du CEDITEC
  • Représentante des doctorants de l'UPE